Européennes : à Bruxelles, l’influence française affaiblie après la déroute des macronistes


“L’Europe est mortelle”, avertissait Emmanuel Macron en avril, dans une tentative de relancer son camp avant les élections européennes. Désormais, après la déroute de son parti face au Rassemblement national (RN) et sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, c’est aussi l’influence française dans l’UE qui est menacée de disparition.

Le parti présidentiel voit d’abord son emprise se réduire au Parlement européen. Jusqu’à présent leader du groupe des Libéraux (Renew), membre de la coalition majoritaire à Strasbourg, il n’y compte plus que 13 sièges (contre 30 pour le RN). En déclin, cette formation reste la troisième en nombre d’eurodéputés, mais pourrait être dépassée par ECR, celle de l’Italienne Giorgia Meloni, qui cherche de nouveaux alliés de droite radicale.

Dans ce contexte défavorable, le chef de l’Etat, qui a toujours cherché à imposer son tempo à Bruxelles, risque d’avoir plus de mal à faire entendre sa voix. Premier test, les dirigeants des Vingt-Sept doivent se réunir dès le 17 juin pour discuter de la répartition des “top jobs” : la présidence de la Commission européenne, celle du Conseil européen, et le poste de haut représentant pour les affaires étrangères. Si Emmanuel Macron avait imposé l’Allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission il y a cinq ans, les discussions pourraient cette fois se dérouler sans lui, ou presque, dans l’attente du résultat des législatives. “La position de la France était très attendue dans ces négociations : elle va être affaiblie”, soupire Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert-Schuman.Viendront ensuite les discussions pour les postes de commissaires européens. En cas de cohabitation avec le RN, il pourrait être plus difficile pour le président de décrocher à nouveau un super portefeuille de l’envergure de celui qu’occupe actuellement Thierry Breton, au Marché intérieur.

Emmanuel Macron devrait en effet voir son poids diminuer au sein du Conseil européen, où sont débattues des questions stratégiques. “Même si le président continuera à y jouer un rôle important, sa crédibilité politique est affectée et les équilibres pourraient être bousculés dans cette instance”, relève Thierry Chopin, de l’Institut Jacques-Delors. S’il l’emporte le 7 juillet, des représentants du RN participeraient à des conseils des ministres européens, dont les discussions s’en trouveraient compliquées. D’ores et déjà, les engagements de Paris, en faveur de l’aide à l’Ukraine ou de l’élargissement sont sujets à caution. De quoi torpiller encore plus l’aura française.




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