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Argentine : Javier Milei, un “Chavez de droite” dans un pays en crise


Populiste comme lui, disruptif comme lui et grande gueule – comme lui –, Javier Milei serait-il un Hugo Chavez de droite ? Le triomphe électoral de l’économiste argentin le 19 novembre – avec 11 points d’avance sur le ministre de l’Economie Sergio Massa – rappelle le tremblement de terre que fut, il y a vingt-cinq ans, la victoire du lieutenant-colonel vénézuélien, fin 1998. Hier comme aujourd’hui, l’un et l’autre atteignent la fonction suprême dans des pays exsangues économiquement, en proie à une corruption et une pauvreté galopantes, en promettant des lendemains qui chantent à des sociétés prêtes à s’en remettre à des hommes providentiels aux tempéraments volcaniques.

Seule différence : le socialiste Chavez ne connaissait rien à la macroéconomie. Il proposait de renforcer l’Etat social (ce qui ne l’a pas empêché de le détruire entièrement avec la complicité de son successeur Nicolas Maduro), tandis que l’anarcho-libertarien Milei entend ressusciter l’Argentine en réduisant la machine étatique à la portion congrue. A la tête d’un cabinet restreint (huit ministères seulement au lieu de 18 actuellement : Défense, Justice, Economie, Affaires étrangères, Infrastructures, Intérieur, Sécurité et Capital humain, qui regroupera la santé, l’éducation, le travail et les affaires sociales), le nouveau président promet de supprimer la Banque centrale, de dollariser le pays, déréguler l’économie et supprimer les prestations sociales.

Mais la “thérapie de choc” de Milei, inspirée par le Prix Nobel d’économie Friedrich Hayek (1899-1992), pourra-t-elle seulement être mise en œuvre ? “J’ai des doutes, confesse l’expert franco-mexicain Gaspard Estrada. Certaines de ses propositions requièrent l’approbation du Congrès, où il ne dispose pas de majorité ; d’autres, comme l’élimination de la Banque centrale ou la dollarisation, exigent une réforme de la Constitution, laquelle stipule qu’une banque d’Etat est chargée d’émettre la monnaie et de fixer sa valeur.” Or, la Libertad Avanza, le parti de Milei, ne compte que 38 députés sur 257 et 8 sénateurs sur 72. Et l’état de grâce dont il bénéficiera pourrait être de courte durée. Lorsqu’il accédera à la Casa Rosada (l’Elysée argentin), la grave crise économique ne s’arrêtera pas toute seule. Comme dans le cas d’Hugo Chavez au Venezuela, l’homme qui a électrisé l’Argentine – au point de supplanter l’hégémonique Parti péroniste – dans la coeur des classes populaires pourrait bien ne pas accomplir de miracles.




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