Fusion de l’audiovisuel public : l’examen de la réforme repoussé par le gouvernement


Simple difficulté de calendrier, ou premier rétropédalage du gouvernement ? Le projet de fusion de l’audiovisuel public porté tambour battant par Rachida Dati prend en tout cas déjà du retard : son examen à l’Assemblée nationale a été repoussé ce jeudi, alors que tout le secteur est en grève pour s’y opposer.

Les députés devaient débattre de cette réforme éclair en première lecture jeudi et vendredi, avant un vote prévu ce lundi 28 mai. Mais face à l’encombrement de l’ordre du jour, notamment en raison du temps pris par l’examen du projet de loi agricole, le gouvernement a finalement pris la décision à la mi-journée de le reporter. Le texte pourrait n’être examiné qu’en juin. Et ce, alors que le calendrier voulu par la ministre de la Culture était déjà très contraint, avec une fusion de l’audiovisuel public programmée dès le 1er janvier 2026.

Des grèves jusqu’à vendredi

L’inscription du texte, déjà adopté au Sénat, sur deux jours seulement entre le projet de loi agricole et celui sur la fin de vie avait suscité de fortes crispations à l’Assemblée, et ce jusque dans le camp présidentiel, certains députés estimant que le gouvernement ne respectait pas suffisamment le débat parlementaire. Ce report est avant tout un contretemps pour la ministre de la Culture Rachida Dati, qui espérait une adoption rapide du texte.

Des réseaux régionaux de France 3 ou France Bleu aux sièges parisiens, tout le secteur est appelé à la grève jeudi et vendredi. Aujourd’hui, les antennes de Radio France sont perturbées et les émissions habituelles ont été remplacées par de la musique. Côté télévision, la chaîne Franceinfo a rediffusé des programmes. Pour assurer la retransmission du débat jeudi soir sur France 2 entre le Premier ministre Gabriel Attal et le président du RN Jordan Bardella, la direction a prévu de recourir à des prestataires externes, d’après les syndicats.

Voulant “rassembler les forces”, la ministre de la Culture prévoit une phase transitoire avec une holding commune pour l’audiovisuel public au 1er janvier 2025, puis la fusion un an après. Quelque 16 000 salariés sont concernés. Outre France Télévisions et Radio France, le mastodonte de l’audiovisuel rassemblerait également l’Ina (Institut national de l’audiovisuel) et France Médias Monde (RFI, France 24). L’intégration de ce dernier groupe fait cependant débat jusque dans le camp présidentiel.

Au sein de ces quatre sociétés publiques, les craintes sont vives pour les moyens et les emplois. Un rassemblement était prévu aux abords du ministère de la Culture ce jeudi à partir de 13 h 30. “C’est notre survie qui se joue”, ont affirmé les syndicats de Radio France lors d’une assemblée générale ce mercredi, en appelant à envoyer “un message radical” par la grève.

“Inefficace et dangereux”

Les inquiétudes sont particulièrement importantes du côté de Radio France, avec l’idée que la radio puisse être phagocytée par la télé. Dans une tribune dans le journal Le Monde publiée mercredi, plus de 1 100 salariés du groupe, dont les présentateurs Léa Salamé, Nicolas Demorand, Guillaume Erner et Nagui, ont dit leur rejet d’un projet “démagogique, inefficace et dangereux”. “Pourquoi engager (le secteur) dans une fusion qui s’annonce longue, complexe, anxiogène pour les salariés et sans réel objectif éditorial ?”, demandent aussi les syndicats de France Télévisions.

Aux personnels, Rachida Dati a assuré ce dimanche : “Je veux vous garantir non seulement une pérennité mais (aussi) votre force” dans un univers de “concurrence exacerbée”, entre plateformes et réseaux sociaux. “Le moment politique est venu”, selon la ministre, après une tentative de rapprochement par son prédécesseur Franck Riester stoppée par le Covid-19. “Evidemment, on ne va uniformiser ni les métiers, ni les activités”, a-t-elle également martelé cette semaine devant le Sénat.

Le sort de France Médias monde en suspens

La société géante, dénommée “France Médias”, aurait un budget de quatre milliards d’euros. Pour accélérer, Rachida Dati s’est appuyée sur une proposition de loi du sénateur Laurent Lafon (Union centriste) programmant une holding, déjà adoptée en juin 2023 par la chambre haute. “Nous ne sommes pas opposés à la fusion” mais “on peut s’interroger sur le calendrier”, avait souligné Laurent Lafon avant l’annonce du report.

Le sort de France Médias Monde ne paraît pas tranché. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné a affirmé que le gouvernement était finalement pour son exclusion de l’entreprise unique. Mais les discussions pourraient être serrées avec la droite, à l’inverse attachée à son inclusion, et dont les voix pourraient une nouvelle fois s’avérer décisives pour le gouvernement pour faire voter le texte.

A moins que le gouvernement compte sur les votes des élus RN, quant à eux favorables à une privatisation pure et simple de l’audiovisuel public, mais qui soutiennent cependant le projet de fusion. Une privatisation à laquelle ne s’oppose pas le patron de LR Éric Ciotti, qui a déclaré qu’il n’a “pas de tabou” non plus sur le sujet. De son côté, la gauche torpille holding comme fusion. LFI voit dans ce projet “l’aboutissement du dénigrement et de l’affaiblissement” du service public opéré par Emmanuel Macron. “Ce n’est pas le retour de l’ORTF qui va nous permettre de concurrencer Netflix”, avaient renchéri les écologistes. Aucune nouvelle date pour l’examen de ce texte n’a pour l’instant été annoncée.




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