Attal “trop neuf” pour aller en Nouvelle-Calédonie, la petite fâcherie Philippe-Darmanin


Ce second quinquennat à nul autre pareil est loin d’être terminé, pourtant, 2027 et sa cohorte de candidats putatifs s’avancent déjà. Le dernier remaniement avec Gabriel Attal à sa tête est déjà loin, voici les élections européennes de tous les dangers. En coulisses, les uns apprennent à esquiver les croche-pattes, les autres se familiarisent avec l’art du complot, bref, tout le monde prépare l’après-Emmanuel Macron avec rigueur et détermination. Le service politique de L’Express propose de vous aider à suivre, grâce à un rendez-vous hebdomadaire sur notre site Internet, les progrès de ces ambitieux qui espèrent gravir, vite et sans se blesser, les marches du pouvoir.

Attal – Bardella : l’entourage de Le Pen tempère la montée du duo

Un débat ? Ah oui, c’est vrai qu’on ne parle plus que de ça. Voilà quelques semaines que l’affrontement télévisuel entre Gabriel Attal et Jordan Bardella fait parler dans les deux camps. Le président du Rassemblement national, lui, est on ne peut plus ravi. Depuis le temps qu’il le réclame. Lui qui se voit de plus en plus à Matignon se voit offrir, par la Macronie, une nouvelle occasion de conforter sa stature – Emmanuel Macron ayant fortement incité son Premier ministre à se prêter à l’exercice. Dans l’entourage de Marine Le Pen, on jette un coup d’œil semi-bienveillant sur cette rencontre présentée comme le duel des années à venir. “C’est vrai que ça fait l’événement, mais vous remarquez que ce duel n’est pas visible dans les intentions de vote. La vraie opposante du camp présidentiel, c’est Marine Le Pen.” Et un second d’ajouter : “Oui, il est bon en débat, mais ça se saurait s’il suffisait de ça pour être un bon dirigeant.” Tous seront tout de même devant leur poste de télévision à 20h15, ce jeudi. Il faut bien soutenir ses troupes.

Macron a songé à envoyer Attal en Nouvelle-Calédonie

Avant de retrouver la raison et de se souvenir qu’il était le meilleur pour régler toutes sortes de crises, Emmanuel Macron a quand même songé un instant à envoyer Gabriel Attal en Nouvelle-Calédonie. L’idée lui a traversé l’esprit ce week-end. Si on additionne le temps des vols (quelque 50 heures), le temps passé sur place, on arrive doucement à la conclusion que le Premier ministre n’aurait pas pu honorer le débat télévisé contre Jordan Bardella programmé jeudi 23 mai. Et c’est justement cela qui séduisait le chef de l’Etat, selon l’un de ses interlocuteurs. S’il gagne ce duel médiatique attendu contre la tête de liste RN, Attal saura en tirer les conséquences pour la suite de sa carrière politique. Le président, toujours soucieux d’aider ses Premiers ministres à rester dans leur couloir de nage, attend évidemment de l’actuel locataire de Matignon qu’il s’implique dans le dossier des européennes mais si possible en brillant modérément. Finalement, il a jugé Attal “trop neuf” pour un déplacement en Nouvelle-Calédonie. En espérant que les résultats du voyage présidentiel éclipseraient les retombées du débat TV ?

Philippe-Darmanin : petite fâcherie entre amis

L’amitié oblige à la franchise. Le ministre de l’Intérieur n’a pas tellement goûté la demande formulée par Edouard Philippe de voir Matignon reprendre les rênes du dossier Nouvelle-Calédonie. “Si l’on devait s’interroger sur le domaine réservé du Premier ministre, la Nouvelle-Calédonie serait dedans”, avait déclaré l’ancien Premier ministre, selon Le Monde, lors de son audition dans le cadre du projet de loi élargissant le corps électoral du territoire à l’Assemblée, quelques semaines plus tôt. Afin de ne pas garder sur le cœur une acrimonie contre son ami du Havre, Gérald Darmanin – qui s’est battu pour récupérer l’Outre-mer dans son portefeuille à Beauvau – lui a adressé un petit SMS pour, en substance, signifier que tout cela manquait un peu de courtoisie. Etonnement du destinataire qui, en public comme en privé, répète que “Gérald n’a rien à se reprocher dans ce dossier”, selon l’un de ses proches. Edouard Philippe s’est donc employé à rassurer par écrit son camarade, assurant que le sujet de son propos n’était absolument pas l’inaction de Beauvau mais plutôt le délaissement du dossier calédonien par Matignon depuis quatre ans. Et d’inviter Darmanin à lire le verbatim exact de ses déclarations à l’Assemblée, un brin déformées par la presse. Il ne faudrait pas que la Nouvelle-Calédonie serve de prétexte à Darmanin pour amollir son soutien à Edouard Philippe dans la perspective de 2027.

François Hollande trop “radioactif” pour Raphaël Glucksmann

Si Raphaël Glucksmann s’est affiché avec l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin mercredi 22 mai, il n’en est toujours rien avec François Hollande. Aucune déambulation de prévue, ni photo souvenir d’un discret tête à tête qui fuiterait subrepticement dans la presse. Le candidat Place publique aux européennes n’a toujours pas envoyé de carton d’invitation à l’ancien président de la République, qui le soutient ouvertement pourtant. De là à dire que le premier tient l’autre à distance… C’est en tout cas ce qu’en concluent bon nombre d’éléphants socialistes, hollandais pour la plupart, qui concèdent, amers : “François est encore trop radioactif”, référence à son quinquennat qui a vu le PS s’entredéchirer et commencer le début de sa lente et longue chute politique. Côté Glucksmann, on se défend de toute mise à l’écart de l’ex-président, tout en rappelant que le candidat n’a pas changé de ligne ni de programme entre 2019 – une époque où Hollande et plusieurs socialistes avaient critiqué le choix de la tête de liste – et 2024. “Hier, tout son clan disait que nous étions des gauchistes mais nous n’avons pas varié. Si François Hollande soutient notre programme, qui est le même qu’en 2019, et qu’il est d’accord avec la taxation des grandes fortunes, d’accord avec nos mesures écologiques restrictives pour l’économie et d’accord avec les fins d’accords de libre-échange, cela est très bien”, explique l’entourage de Glucksmann.

Européennes : les écologistes ont les “chocottes”

La campagne de Marie Toussaint n’en finit plus de s’effondrer. Les intentions de vote frôlent la barre fatidique des 5 %, synonyme du pire pour les écolos : aucun eurodéputé. Une première depuis 25 ans qui donne le vertige à l’état-major vert. “Si le navire coule, il faudra tout réinterroger : la ligne, l’avenir de Marine Tondelier (la cheffe), les alliances, la stratégie. Tout, du sol au plafond”, s’égosille un écolo de renom. Même les socialistes s’en inquiètent. “Ce n’est pas une bonne chose s’ils font moins de 5 %, concède un sénateur PS. On aurait pu avoir une dynamique ensemble. Ils ne sont pas une force d’appoint, mais un partenaire.”

D’autant que, le 9 juin au soir, démarre une nouvelle campagne : celle des municipales. Si les socialistes se sont engagés à ne pas aller chercher des noises aux villes déjà vertes (Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Poitiers, etc), l’affaire est plus complexe chez EELV où le local décide de beaucoup. Ainsi, il se murmure que les écolos ont les dents longues et lorgnent sur la mairie de Nantes, trône déjà occupé par Johanna Rolland. Et il y a les “successions”, Lille et Paris. Dans la première, qui succèdera à Martine Aubry ? Dans ce vieux fief socialiste, on suspecte les insoumis et les écologistes de mijoter un deal sous le manteau, en tenant les socialistes à l’écart des discussions. Mais ces derniers discutent d’autres scénarios avec d’autres écologistes, telle Karima Deli, plus socialo-compatible qu’Insoumise. Et que dire de Paris où Anne Hidalgo est censée de pas reprendre du service pour un troisième mandat : Yannick Jadot, comme le racontait L’Express la semaine dernière, en meurt d’envie, mais d’autres écologistes, tendance Sandrine Rousseau, ne voient pas cela d’un bon oeil. Les Insoumis, en embuscade, comptent bien avoir leur mot à dire dans la capitale, où le chef Jean-Luc Mélenchon et ses députés parisiens ont fait de bons scores. La gauche n’en a décidément pas fini de se disputer.

Mélenchon, le Sénégal… et les européennes

En visite la semaine dernière au Sénégal, Jean-Luc Mélenchon poursuit son opération séduction en Afrique. Le leader de La France Insoumise, vif soutien des Patriotes africains pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) – opposants au précédent régime de Macky Sall -, est d’ailleurs devenu le premier responsable politique français à être reçu par Ousmane Sonko, le chef du gouvernement du nouveau pouvoir en place. Un déplacement durant lequel l’Insoumis aura cultivé sa rhétorique anti-impérialiste, et marqué des différences de principe avec l’actuel régime au sujet des LGBT. “Pour les Sénégalais, Mélenchon c’est le président de la France”, crâne une huile insoumise, qui n’élude rien des enjeux parallèles de ce voyage. “Et puis il y a 900 000 Franco-Sénégalais [NDLR : 1,1 million selon le consul]… et un million de voix, c’est 5 % aux européennes.”




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