Nouvel accident chez Boeing : les turbulences augmentent-elles avec le changement climatique ?


Mardi 21 mai, un homme a perdu la vie dans un avion de la compagnie Singapore Airlines, tandis que des dizaines d’autres personnes ont été blessées. A l’heure actuelle, 20 sont toujours en soins intensifs. En cause : de “fortes turbulences” pendant le trajet de l’appareil qui devait rallier Londres à Singapour. Sur des vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, l’état de la cabine atteste de la violence de ces turbulences. On y voit le plafond éventré, des taches de sang et les masques à oxygène sortis…

Une première analyse des données effectuée par le service de suivi des vols Flightradar24 a montré que l’appareil avait subi pendant plus d’une minute des turbulences extrêmes à environ 11 300 mètres au-dessus de la Birmanie, au cours desquelles l’avion s’est violemment élevé puis a plongé à plusieurs reprises. En l’espace de cinq minutes, l’appareil a chuté de 1 800 mètres, avant d’atterrir de toute urgence à Bangkok, en Thaïlande.

Les turbulences sévères en hausse de 50 % depuis 1979

Si les accidents sont assez rares, les turbulences avec une intensité aussi “sévère” ont néanmoins augmenté, et notamment au-dessus de l’Atlantique Nord. Les turbulences que les passagers peuvent ressentir en avion sont liées à des changements de courant d’air qui affectent la stabilité d’un vol. Elles peuvent être provoquées par des orages, des mouvements d’air autour de montagnes, ou encore des fronts d’air froid ou chaud. Concernant le vol affecté mardi, les “premiers éléments semblent indiquer une turbulence en air clair, le type de turbulence le plus dangereux”, selon un communiqué de l’Association of Flight Attendants-CWA, représentant plusieurs dizaines de milliers d’agents de bord.

En l’espace de quarante ans, ces turbulences sont devenues plus fréquentes et plus sévères. Une étude britannique publiée en juin 2023 dans la revue Geophysical Research Letters, suggère que le réchauffement climatique accroît les turbulences en vol. Grâce à l’analyse des données atmosphériques sur quatre décennies d’observations (entre 1979 et 2020), les chercheurs ont révélé qu’au-dessus de l’Atlantique nord, la durée annuelle totale des turbulences graves a augmenté de 55 %, passant de 17,7 heures en 1979 à 27,4 heures en 2020. Il s’agit en outre de l’une des routes aériennes les plus fréquentées. Toujours selon l’étude britannique, les turbulences modérées ont quant à elles augmenté de 37 %, et les turbulences légères de 17 %.

“Après une décennie de recherches montrant que le changement climatique augmentera les turbulences en atmosphère claire à l’avenir, nous disposons maintenant de preuves suggérant que cette augmentation a déjà commencé”, expliquait le professeur Paul Williams, spécialiste de l’atmosphère à l’université de Reading au moment de la publication de l’étude, dont il est le coauteur.

Le chercheur indiquait ainsi que “le changement climatique accroît la différence de température entre les pôles froids et les tropiques chauds”, ces derniers “se réchauffant plus vite que les pôles aux altitudes de croisière”.Or, plus l’air est chaud, plus cela entraîne des cisaillements, ce qui génère, de fait, plus de turbulences.

Entre 150 et 500 millions de dollars de coût annuel aux Etats-Unis

En outre, cette hausse des turbulences n’est pas sans conséquences sur les appareils. D’abord elles peuvent engendrer des accidents comme ceux du vol de la Singapore Airlines mardi 21 mai. Selon un rapport de 2021 du Conseil national de la sécurité des transports américains, les turbulences continuent à être “une cause importante d’accidents et de blessures”.

A cela s’ajoute également un risque pour l’avion. “L’usure du matériel entraîne des coûts supplémentaires en raison des réparations et de l’entretien à effectuer”, expliquait dans les colonnes du Point l’ancien pilote de ligne Gérard Feldzer, aujourd’hui président d’Aviation sans frontières. “Un avion qui vole dans les turbulences perd en vitesse, donc le trajet dure plus longtemps et l’appareil consomme plus de carburant”, soulignait-il. Selon les chercheurs américains coauteurs de l’étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters l’année dernière, rien qu’aux Etats-Unis, le coût de ces turbulences reviendrait entre 150 et 500 millions de dollars par an.




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