Ils ne représentaient que 8 % des actifs en 1982, et désignent désormais environ 21,7 % des personnes sur le marché du travail français, selon les dernières données datant de 2022. Le nombre de cadres a presque triplé au cours des quarante dernières années en France, selon un “portrait des professions” publié par l’Insee, le 29 avril.

En parallèle, la part cumulée des agriculteurs et ouvriers a diminué de près de la moitié sur la même période. Les agriculteurs, qui représentaient 7,5 % des personnes en emploi en 1982, n’en représentent plus que moins de 2 % en 2022. La part des ouvriers a elle aussi baissé de façon continue, conséquence de la désindustrialisation, passant de 29,9 % en 1982 à 18,9 % en 2022, majoritairement en raison d’une baisse marquée de la part des ouvriers peu qualifiés parmi les personnes en emploi.

Plus de femmes diplômées

Pour rappel, un cadre est un salarié exerçant une fonction de direction, conception ou de contrôle dans une entreprise, pour laquelle il a suivi des études plus ou moins longues. Cette évolution du nombre de cadres est ainsi liée à “l’élévation du niveau des qualifications et de la tertiarisation de l’économie”. Parmi les cadres, 54 % possèdent un niveau de qualification entre Bac + 2 et Bac + 5 et plus, selon un rapport de l’Association Pour l’Emploi des Cadres. Leur salaire médian se situe aujourd’hui autour des 50 000 euros annuels.

Ces dernières années, “deux phénomènes majeurs ont affecté l’offre de travail : une forte hausse de la population active portée par sa féminisation et l’envol du niveau d’éducation de la main-d’œuvre”, ce dernier phénomène étant corrélé au premier, “puisque les femmes sont désormais plus diplômées que les hommes”, indiquaient dans une étude publiée en 2019 quatre économistes français. Néanmoins, les cadres restent majoritairement des hommes : 64 % en 2021 contre 36 % de femmes, tandis que parmi les professions non-cadres, la répartition homme/femme est moins creusée, avec 53 % d’hommes et 47 % de femmes.

Cependant, si la France compte aujourd’hui plus d’étudiants, il faut nuancer les chiffres de l’Insee puisque la catégorie de cadre elle-même a été élargie au fil du temps (on peut aujourd’hui être considéré cadre à partir d’un bac + 2, dans certains secteurs). “On peut mettre en débat la pertinence des statistiques publiques par catégories socioprofessionnelles en France, pour un suivi longitudinal de long terme. Non seulement il est difficile de faire entrer de nouvelles professions dans des catégories anciennes, mais les métiers ont connu de profondes transformations des tâches et des compétences exigées. Deux métiers en apparence proches il y a quarante ans peuvent avoir divergé tout en restant dans la même catégorie, que celle-ci soit agrégée ou détaillée”, remarque le cahier “Travail et emploi” cité plus haut. Les premiers secteurs où travaillent les cadres sont le commercial et marketing (22 %), la gestion et administration (17 %), les services techniques et informations (14 % respectivement). Par ailleurs, 94 % sont en CDI.

Les jeunes et les emplois les moins qualifiés

Dans une moindre mesure, la part des personnes exerçant une profession intermédiaire a aussi augmenté sans discontinuer depuis 1982 (+ 6 points), selon l’Insee : “alors que la part des employés était 8 points au-dessus de celle des professions intermédiaires il y a 40 ans, elles sont similaires en 2022”, ajoute l’Insee. Aussi, parmi les personnes exerçant la profession d’employé, les trois-quarts sont des femmes.

Autre point de l’étude, si les jeunes en formation exercent de plus longues études qu’avant, les 18-24 ans sur le marché de l’emploi occupent au contraire les postes les moins qualifiés. Ils représentent 17 % des employés peu qualifiés et 21 % des ouvriers peu qualifiés, contre 10 % de l’ensemble de la population en emploi.

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