Gaza : les signaux d’une offensive terrestre sur Rafah qui se prépare


Et si le compte à rebours avait commencé pour Rafah ? Depuis quelques jours, les préparatifs d’une offensive terrestre semblent s’accélérer au sein de l’Etat hébreu. Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a informé, jeudi 25 avril, que le cabinet de guerre s’était réuni “pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas”. Le même jour, c’est l’état-major qui informait le cabinet de guerre que Tsahal – l’armée israélienne – était prête et n’attendait plus que le feu vert politique. D’après le chef du gouvernement, Benyamin Netanyahou, une date serait déjà fixée pour cette opération d’envergure dans le sud de la bande de Gaza.

Ainsi plusieurs signes montrent que Tel Aviv resserre son étau sur la ville de Rafah qui sert de refuge à près d’un million et demi de Palestiniens. Tout d’abord, deux unités de réservistes israéliens ont été mobilisées pour des “missions” dans la bande de Gaza, alors que le nombre de soldats israéliens déployés avait fortement baissé ces dernières semaines. Au-delà de mobiliser ses troupes, l’Etat hébreu prépare aussi le terrain diplomatique dans la région. Le chef d’état-major, Herzi Halevi, et le patron du service de sécurité intérieure, Ronen Bar, se sont rendus, mercredi 24 avril, au Caire. Objectif : rassurer son voisin égyptien qui craint qu’une attaque israélienne pousse les réfugiés palestiniens à forcer les frontières de leur pays.

Selon des responsables égyptiens, cités par le Wall Street Journal, Israël se prépare à déplacer les civils de Rafah vers la ville proche de Khan Younès, notamment, où il prévoit d’installer des abris et des centres de distribution de nourriture. L’armée israélienne a ainsi commandé 40 000 tentes pouvant comprendre dix à douze personnes.

À noter que 150 000 personnes ont déjà fui à Khan Younès. L’évacuation pourrait s’étaler sur deux à trois à semaines et serait co-pilotée par les Etats-Unis, l’Egypte et d’autres pays arabes, selon les responsables israéliens. Par ailleurs, une “zone humanitaire” désignée par Israël le long de la côte serait élargie pour accueillir davantage de civils, a déclaré lundi 22 avril, un responsable militaire israélien.

Rafah, l’objectif israélien

Dans le New York Times, Sandra Rasheed, directrice du bureau de Jérusalem d’Anera, un groupe humanitaire, déclarait, le 23 avril, qu’Israël ne l’avait pas informé d’une opération imminente là-bas, mais que l’organisation avait trouvé un abri pour ses membres du personnel et leurs familles pour s’installer à Al-Mawasi, ville côtière palestinienne proche de Rafah. Plus tôt ce mois-ci, Jamie McGoldrick, alors haut responsable humanitaire de l’ONU à Jérusalem, avait indiqué qu’une invasion israélienne de Rafah pourrait forcer des centaines de milliers de personnes à tenter de fuir vers le nord. Un voyage risqué à travers des routes bombardées et jonchées de munitions non explosées.

Depuis le début de la guerre déclenchée le 7 octobre dans le territoire palestinien, les autorités israéliennes gardent les yeux rivés sur la ville de Rafah, qu’elles considèrent comme le dernier bastion du Hamas. Selon les militaires, quatre des six bataillons dont dispose encore la branche militaire sont concentrés dans cette ville. Pour Benyamin Netanyahou, “une victoire totale” sur le mouvement islamiste palestinien ne peut donc être envisagée sans une attaque contre Rafah.

La peur d’un bain de sang

À l’étranger, de nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d’offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza. Par ailleurs, une attaque à Rafah aurait comme risque de se mettre à dos une partie de la communauté internationale, dont des alliés précieux. À plusieurs reprises, le président américain, Joe Biden, s’est dit “profondément inquiet” si les Israéliens venaient à attaquer cette localité. Pour lui, aucune opération n’est calibrée pour minimiser les pertes civiles.

En mars 2024, le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan, a ajouté que l’offensive terrestre majeure serait “une erreur” en raison des risques imposés aux Palestiniens déplacés. Pour autant, ses divergences avec Israël ne l’ont pas empêché pas de débloquer 26 milliards de dollars d’aide à Israël, tout en continuant à fournir des armes et munitions à Tsahal.

Et côté français ? Jeudi 25 avril, Emmanuel Macron et Abdallah II, lors d’un appel téléphonique, “ont évoqué la situation humanitaire catastrophique à Gaza” et “marqué leur plus vive inquiétude face à la perspective d’une offensive israélienne sur Rafah et réitéré leur opposition à cette opération”. La présidence française rapporte : “Tous deux ont insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable afin de permettre l’acheminement massif de l’aide d’urgence et la protection des populations civiles.” À voir si l’Etat hébreu continue de faire la sourde oreille.




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