Apple abandonne son rêve de voiture électrique : récit d’une volte-face


C’est “l’effort d’une décennie”, voire “le projet le plus ambitieux d’Apple” qui vient d’être “annulé”, “supprimé” faute de stratégie claire. Le sujet fait la une depuis quelques heures et la presse américaine n’est pas tendre. “Après une décennie d’Odyssée, Apple met fin à son projet de voiture électrique”, titre Bloomberg qui a révélé l’information ce mardi 27 février au soir. “Apple tue son projet”, pointe le Washington Post. “La voiture électrique d’Apple est morte”, ose le site spécialisé The Verge. Tandis que The Guardian note la fin d’un projet gourmand en ressources, annonçant des licenciements à venir.

Mardi, en interne, Apple a en effet révélé mettre un terme à son projet de voiture électrique, surprenant les près de 2 000 employés affiliés au programme. L’annonce n’a pas été rendue publique, précise le média Bloomberg racontant que la décision a été partagée par le directeur de l’exploitation, Jeff Williams et Kevin Lynch, vice-président chargé des technologies chez Apple. Le dirigeant a par ailleurs déclaré que de nombreux employés de l’équipe automobile, connue sous le nom de “Special Projects Group”, ou projet “Titan”, seront transférés à la division de l’intelligence artificielle pour se concentrer sur des projets d’IA générative, une priorité de plus en plus importante pour l’entreprise. Nombre d’entre eux pourraient toutefois être confrontés à un licenciement selon la presse américaine.

Des milliards de dollars envolés

Apple aurait dépensé des milliards de dollars depuis près de 10 ans pour tenter de développer un véhicule électrique semi-autonome. “Sa décision de mettre fin au programme constitue un recul majeur par rapport à sa stratégie précédente”, note The Guardian. Cette décision constitue une “véritable bombe pour l’entreprise”, commente Bloomberg, car le projet représentait plusieurs milliards de dollars et l’aurait propulsé dans un tout nouveau secteur d’activité.

Ces dernières années, le PDG d’Apple, Tim Cook, avait fait plusieurs allusions aux projets de l’entreprise concernant une voiture électrique, bien qu’il ne se soit jamais pleinement engagé à livrer un produit. Le projet a toutefois été une source d’intenses spéculations parmi les industries automobile et technologique. Et pour cause : l’entreprise a embauché des dirigeants de constructeurs automobiles de renom tels que Lamborghini et Tesla pour superviser son développement, et a acquis la startup de véhicules autonomes Drive.ai en 2019.

Une stratégie malmenée

Apple avait commencé à travailler sur une voiture en 2014, espérant concevoir un véhicule électrique entièrement autonome, doté d’un système de navigation à commande vocale. Et si la décision de mettre un terme à son programme surprend autant, c’est parce qu’il y a encore deux semaines, l’entreprise avait été surprise en train de tester l’un de ses 67 véhicules équipés de capacités autonomes sur une autoroute de Californie.

Mais malgré l’augmentation des essais au cours de la dernière année, “les efforts d’Apple en matière de voiture électrique autonome sont loin derrière les autres leaders de l’industrie”, constate le Washington Post, notant qu’Apple avait seulement des permis pour tester en Californie avec un humain derrière le volant, prêt à prendre le relais à tout moment. Une trop faible victoire lorsque l’on sait que le leader actuel dans le domaine, Waymo, propriété d’Alphabet, propose depuis des mois des trajets en robot-taxi entièrement sans conducteur aux clients de San Francisco et de Phoenix.

Selon le site spécialisé The Verge, la marque à la pomme aurait connu une série de problèmes, dont un roulement important des effectifs, une stratégie changeante, et “un scepticisme en interne”. Toujours selon le site, des rapports suggéraient par ailleurs que la voiture, dont la rumeur disait qu’elle resterait sous le seuil de 100 000 dollars, ne serait pas dotée des capacités de conduite autonome avancées que l’entreprise espérait initialement.

“Cela représente une “petite déception, car à Cupertino (le siège d’Apple, NDLR), on pensait qu’avec environ 2 000 employés, une Apple Car était toujours à l’horizon à moyen terme”, a réagi Dan Ives, analyste de Wedbush, dans une note. Mais cela signifie aussi que la marque à la pomme “se concentre sur l’accélération et l’exécution d’une vaste stratégie d’IA générative au sein de l’écosystème Apple, ce qui est clairement la bonne décision pour la société à l’avenir”, a-t-il ajouté.




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