Israël-Gaza : à Rafah, l’opération controversée qui a permis de libérer deux otages


Elle était la dernière grande ville dans laquelle l’armée israélienne n’avait pas encore pénétré. C’est désormais chose faite. Dans la nuit du dimanche 11 au lundi 12 février, la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a subi une série de frappes aériennes en même temps qu’une incursion d’un commando de l’armée israélienne.

Une opération qui a permis la libération d’otages enlevés le 7 octobre dans le kibboutz Nir Yitzhak. Deux hommes, Fernando Simon Marman, et Louis Har, âgés respectivement de 60 et 70 ans, qui ont été conduits au centre médical Sheba, dans la banlieue de Tel-Aviv, pour de premiers examens médicaux.

Mais l’opération aurait en parallèle causé la mort d’une centaine de Palestiniens, d’après les chiffres communiqués par l’organisation terroriste Hamas. Des pertes civiles anticipées par la communauté internationale, qui s’inquiétait depuis plusieurs jours des conséquences d’une telle manœuvre militaire.

Neutraliser les “derniers bastions de terroristes”

Le spectre d’un élargissement de la riposte israélienne à Rafah avait surgi mercredi 7 février, alors que les soldats de Tsahal continuent de mener des combats à Khan Younès, au nord de Rafah. Dans une allocution télévisée, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, annonçait avoir appelé à la préparation d’une opération militaire dans la ville la plus au sud de la bande de Gaza où, selon lui, “les derniers bataillons terroristes du Hamas” se cachent. Mais où se sont également réfugiés près de 1,3 million de Palestiniens qui ont fui le nord de la bande de Gaza au début du conflit.

Dimanche 11 février, l’organisation terroriste a dénoncé une opération qui provoquerait une “catastrophe humanitaire” et un “massacre qui pourraient aboutir à des dizaines de milliers de martyrs et de blessés”. Et le Hamas de mettre en garde : tout mouvement militaire sur Rafah “menacerait” les négociations en cours pour les libérations d’otages.

Une opération qui suscite le malaise chez les alliés d’Israël

À l’étranger, l’inquiétude sur les conséquences de l’offensive grandit chez les plus proches alliés d’Israël. Dimanche, Joe Biden, dont le soutien incontestable à Israël a été à de nombreuses reprises critiqué, a exhorté Benyamin Netanyahou à ne pas lancer d’opération militaire sur Rafah sans “un plan crédible et réalisable”. Jeudi 8 février déjà, le président des Etats-Unis s’était opposé à “une riposte” jugée “excessive”. Ce, malgré l’engagement du Premier ministre israélien d’offrir “un passage sécurisé à la population civile pour qu’elle puisse partir”,

Même son de cloche du côté du Quai d’Orsay, qui fustige “une opération qui créerait une situation humanitaire catastrophique d’une nouvelle dimension et injustifiable”. Dimanche, dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères français avait exprimé “sa plus vive préoccupation” sur la situation humanitaire des populations civiles quelques heures après les premières frappes israéliennes à Rafah. “Point de passage vital pour acheminer l’aide humanitaire pour la population de Gaza”.

Mais pour Benyamin Netanyahou, le mot d’ordre reste le même : détruire le Hamas. Ce, quoi qu’il en coûte. “Capituler devant les exigences délirantes du Hamas […] non seulement n’amènera pas la libération des otages, mais entraînera un autre massacre, et un désastre pour l’Etat d’Israël qu’aucun de ses citoyens n’est préparé à accepter”, martèle-t-il.

Trois terroristes tués

C’est ainsi que dimanche soir, le chef du gouvernement israélien a ordonné le lancement de l’opération terrestre. Munies d’explosifs, les forces israéliennes ont fait irruption à 1H49 du matin au deuxième étage d’un bâtiment où étaient détenus les deux otages. Les soldats de Tsahal “ont ouvert le feu sur des cibles aux alentours et ont libéré les otages”, expliquent l’armée et le gouvernement.

Une “intense bataille” a alors débuté, guidée et suivie en direct par les chefs de l’armée, de la police et du Shin Bet – le renseignement intérieur israélien – depuis le siège de ce dernier. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, et le ministre de la Défense, Yoav Gallant, étaient notamment présents.

“Des tirs ont alors éclaté depuis ce bâtiment et des bâtiments voisins suivis de longs combats, pendant lesquels des dizaines de cibles du Hamas ont été visées par des frappes aériennes afin de permettre aux soldats de quitter les lieux”, a précisé le bureau du Premier ministre. Au total, trois terroristes auraient été tués au cours de l’opération.

Des journalistes de l’AFP sur place ont entendu “des dizaines de frappes” et d’explosions dans plusieurs parties de la ville. En frappant les combattants du Hamas dans les environs, ces bombardements visaient notamment à faciliter l’intervention du commando, a expliqué l’armée israélienne.

Une centaine de morts palestiniens, selon le Hamas

Mais alors que Benyamin Netanyahou a salué dans un communiqué publié ce lundi matin les “courageux guerriers” pour l'”audacieuse opération” qui a conduit à leur libération”, le ministère de la Santé du Hamas a, lui, condamné l’attaque qui aurait fait “environ 100 morts”. Quatorze maisons et trois mosquées auraient notamment été touchées.

Le Hamas a affirmé dimanche que l’offensive israélienne dans la bande de Gaza avait fait 28 176 morts, en grande majorité des civils. Un bilan remis en cause par le Premier ministre israélien, qui a affirmé : “Nous avons tué et blessé plus de 20 000 terroristes du Hamas, dont environ 12 000 combattants”, sans s’épancher sur la distinction faite entre “terroristes” et “combattants”.




Source

Exit mobile version

............................................................................................................................................