Leur mort a suscité de vives réactions sur le réseau social Telegram en août dernier. Ce 28 juillet, cinq soldats russes âgés de 28 à 36 ans ont trouvé la mort après avoir été pris en embuscade par les forces spéciales ukrainiennes dans le district de Semenivsky, en Ukraine. Une opération presque anodine à l’heure où la guerre sévit depuis deux ans et demi, à un détail près. Après identification des corps, les forces spéciales ukrainiennes ont été catégoriques : les soldats, n’étaient autres que des membres de Senezh, ce commando d’élite russe secret qui sévit en Ukraine.
“Ramener un Ukrainien tué”
Mais concrètement, qu’est-ce que Senezh ? Selon une enquête de Molfar, une agence privée qui travaille avec l’armée ukrainienne, cette unité russe autant redoutée par les forces armées de Kiev que par les populations civiles, compterait une unité de combat, un centre de formation basé dans la région de Moscou et plusieurs centaines de militaires. Des soldats triés sur le volet et recrutés parmi les forces spéciales de l’armée et les unités de renseignement. Accusées par les Ukrainiens d’assassiner le moindre civil, ces recrues suivraient, selon la plus grande agence OSINT de l’Ukraine, le “rituel sanglant” de Senezh. “Après la remise de leur diplôme, et une fois intégrés dans les groupes de reconnaissance subversifs, ils sont censés pénétrer le territoire ukrainien et ramener un Ukrainien tué. S’ils ne parviennent pas à ramener un soldat, ils prennent un civil”, a confié une source anonyme des services de renseignement à Molfar.
Selon les médias russes, les missions de l’armée de Senezh sont claires : recueillir des informations en pénétrant si besoin la ligne de front, mener des actions contre les maillons stratégiques de la chaîne militaire comme les postes de commandement, et saboter en détruisant les infrastructures et en dirigeant des missions spéciales telles que des opérations psychologiques.
Saboter et informer
Sur le front ukrainien, une soixantaine d’opérations de sabotage dans les régions frontalières de Tchernihiv, Soucy et Kharkiv auraient été réalisées par Senezh en 2023, d’après les informations de Molfar. Cette même année, l’unité militaire avait été transférée dans la région de Belgorod en Russie, en raison de l’intensification du mouvement partisan anti-Poutine sur le territoire et des incursions ukrainiennes. Senezh devait alors mener des opérations anti-sabotage et protéger les zones frontalières.
Si la Russie a fait de cette unité d’élite la spécialiste des actions de renseignement et de sabotage durant la guerre en Ukraine, c’est que l’armée de Senezh n’en est pas à son coup d’essai. Selon RFI et une étude de l’Institut international pour les études stratégiques (IISS), les militaires du commando auraient été impliqués en 2015 dans la prise d’Alep et de Palmyre en Syrie, où ils auraient guidé les frappes de l’aviation russe en soutien aux troupes du président Bachar el-Assad. L’année précédente, en 2014, cette même unité aurait contribué à la sécurisation des Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. Des missions l’ayant peu à peu guidée vers celle qu’elle remplit actuellement : saboter, informer et tuer.
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