“Il y a du Doriot chez Roussel” : quand le loup viendra vraiment, qui écoutera encore Mélenchon ?


Jean-Luc Mélenchon a peur, mais de quoi ? Ou de qui ? De Fabien Roussel ? Tout de même, il y a de quoi rire au regard du si grand écart dans les sondages entre les deux hommes. Mais comment expliquer sinon la vigueur avec laquelle l’insoumis en chef et ses lieutenants s’attaquent au leader communiste qui affirme sa différence, ses désaccords ? Il serait faux de dire que Roussel n’y trouve pas une certaine satisfaction, ou même le lui rend bien. Qu’importe que Roussel agace, croirait le premier insoumis croisé dans la rue, il reste de gauche, malgré les contradictions, malgré les anathèmes par presse interposée. “Les uns et les autres, même séparés, restons des socialistes ; malgré tout, restons des frères, des frères qu’aura séparés une querelle cruelle, mais une querelle de famille, et qu’un foyer pourra encore réunir”, chuchota Léon Blum à la fin du Congrès de Tours en 1920, qui vit les socialistes se diviser sur le communisme venu de Moscou.

Mais cela, les insoumis l’ont renié. Le dernier épisode laissera une trace indélébile à gauche. Au détour d’une publication sur son compte Facebook, Sophia Chikirou, députée de Paris et proche de Mélenchon, a considéré qu’il y avait “du Doriot dans Roussel”. La comparaison est assumée, approuvée par le chef d’un “OK” sibyllin. L’analogie n’a rien d’inédit, Mélenchon lui-même est un utilisateur compulsif de la référence à ce triste sire de l’histoire française. En juillet, dans un billet de blog, il s’offusquait du refus de certains partenaires de la Nupes de participer aux manifestations interdites contre les violences policières et leur prédisait un destin xénophobe à la Marcel Déat ou Jacques Doriot. Les insoumis s’effondrent souvent dans cette oisiveté intellectuelle qui leur fait dire que tout ce qui ne pense pas comme eux est d’évidence “d’extrême droite”. Qualifier de “sarkozystes” les députés de gauche ces derniers jours, ceux qui ont signé la tribune pour la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension, apparaît presque indulgent.

“Voler son pain aux travailleurs”

Etre d’extrême droite est une chose, être Jacques Doriot une autre. Membre du PCF dans les années trente jusqu’à son exclusion, il est un collaborationniste non seulement notoire mais des plus obséquieux. Il n’est pas un collabo de tous les jours, de ceux qui ont la dénonciation facile du voisin juif. Lui s’entiche de l’occupant nazi, pousse même à la création des LVF, ces volontaires français qui se parent de l’uniforme de la Wehrmacht et terminent dans les rangs de la Division SS Charlemagne. Doriot lui-même combat sur le front de l’Est en 1943. A la différence d’un Philippe Pétain, lui souhaite sincèrement la victoire de l’Allemagne en Europe.

Ni Chikirou ni Mélenchon ne l’ignorent, et c’est ce qui rend leur parallèle avec Doriot d’autant plus obscène. Eux estiment que Roussel a dépassé les bornes, qu’il frappe à la porte des électeurs du Rassemblement national, qu’il reprend les mots de la droite et de l’extrême droite sur les sujets d’immigration notamment. Il ne dit pourtant rien de bien différent que Jean-Luc Mélenchon, un certain 5 juillet 2017 dans une intervention au Parlement européen sur le Brexit. “Je crois que l’Europe qui a été construite, c’est une Europe de la violence sociale, comme nous le voyons dans chaque pays chaque fois qu’arrive un travailleur détaché, qui vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place”, disait-il. Des mots qu’il dira regretter.

Qui est donc l’ennemi des insoumis ? Fabien Roussel, ou l’extrême droite, elle qui semble aux portes de l’Élysée beaucoup plus que le communiste ? Plus personne ne sait vraiment. À trop crier au loup, comme le chantait la fable, on en voit le museau. En retrait, Jean-Luc Mélenchon baille en gardant son troupeau, et s’en amuse. Doriot ici ! Déat là ! Mais il crie si fort qu’il s’enroue et le loup, ma foi, imaginaire… Même chez Roussel ! Même chez Macron dont Mélenchon a accusé “la jonction” avec Marine Le Pen. Mais un jour, le loup viendra. C’est un fin carnivore. Mélenchon criera encore. On croira qu’il nous prend pour des nigauds, comme il l’avait fait avec Roussel et tant d’autres qui ne pensent pas comme lui. Et le loup, lui, fera un festin de roi.




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