C’est l’une des espèces les plus envahissantes au monde. La fourmi de feu, Solenopsis invicta de son nom scientifique, a été observée pour la première fois en Europe ces dernières semaines. Selon une étude publiée lundi 11 septembre dans la revue Current Biology, 88 nids de l’espèce ont été identifiés dans la province de Syracuse, en Sicile (Italie).
Le Vieux Continent avait jusqu’ici été épargné par la prolifération de cette espèce de fourmi originaire d’Amérique latine et déjà présente en Australie, aux Etats-Unis, en Chine, au Mexique et dans les Caraïbes. “Solenopsis invicta est l’une des pires espèces envahissantes. Elle peut se propager rapidement de façon alarmante”, a déclaré dans un communiqué l’un des auteurs de l’étude, Mattia Menchetti, chercheur à l’Institut espagnol de biologie évolutive. “Trouver cette espèce en Italie a été une grande surprise, mais nous savions que ce jour viendrait”, a-t-il ajouté.
D’après les auteurs de la même étude, des fourmis rouges de feu avaient déjà été découvertes dans des produits importés en Espagne, en Finlande ainsi qu’aux Pays-Bas. Toutefois, une colonie n’avait jamais été observée ni confirmée en Europe auparavant.
Une espèce envahissante et ravageuse
Les chercheurs ont déclaré qu’ils ne savaient pas exactement comment cette fourmi de feu avait atterri dans la banlieue de Syracuse, mais supposent que son arrivée est liée à une zone de transit avec une activité humaine intense, notamment celle du port de la ville. La population locale a déclaré aux scientifiques que les piqûres de fourmis – douloureuses et irritantes – avaient augmenté depuis 2019. Son venin peut provoquer une éruption cutanée et des réactions allergiques, pouvant aboutir à un choc anaphylactique.
Selon les scientifiques, 7 % du continent européen serait propice à l’installation de cette fourmi prédatrice. Sa présence a un impact négatif sur l’environnement. “C’est l’une des 100 espèces les plus envahissantes, les plus problématiques dans le monde”, a expliqué l’entomologiste Philippe Nicolas, directeur d’études au CNRS, sur le plateau de BFMTV. “C’est une espèce qui a une large balance écologique, elle est capable de vivre près des habitations, mais aussi dans les cultures. Et il est très difficile de l’éradiquer”, a-t-il poursuivi. “Dans les endroits où il s’installe, [cet insecte] provoque une diminution de la diversité des invertébrés et des petits vertébrés”, a prévenu Mattia Menchetti lors de la présentation de l’étude. Cette espèce de fourmi a en effet la capacité de s’attaquer à d’autres espèces, jusqu’à déréguler la faune et la flore des territoires où elle prolifère.
6 milliards d’euros de pertes aux Etats-Unis
Solenopsis invicta est caractérisée par les scientifiques comme un prédateur omnivore et généraliste. Son éventail de proie est large. “Elle s’en prend directement à différentes parties de la plante telles que les racines, les fruits, les fleurs et les tiges”, résume Mattia Menchetti dans les colonnes de Sciences et Avenir. La fourmi de feu est la cinquième espèce invasive la plus coûteuse à combattre.
Et pour cause : “elle s’attaque aussi bien aux cultures, qu’aux équipements électriques et de communication”, a précisé Mattia Menchetti. Et d’ajouter : “On estime qu’elle est la raison de la perte de 6 milliards d’euros aux Etats-Unis.” D’après un rapport de la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) publié la semaine dernière, les espèces envahissantes telles que la fourmi de feu coûtent au moins 423 milliards de dollars chaque année, tant elles provoquent des extinctions de plantes et d’animaux et menacent la sécurité alimentaire.
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