Séisme au Maroc : Mohammed VI face aux failles de son pays modèle

“Quand on quitte Marrakech, on a tout de suite l’impression de retourner dans le passé. On a ce sentiment que la distance qui sépare la ville de son hinterland n’est pas de quelques kilomètres, mais de plusieurs décennies…”, raconte Karim Boukhari, rédacteur en chef du magazine d’histoire Zamane et éditorialiste au site d’information le360. “J’ai parcouru Al Haouz [à l’épicentre de la zone sinistrée] il y a quelques mois. Je me suis rendu dans un village où les habitants avaient un problème d’eau potable. Le village était pourtant niché face à un magnifique barrage… Tout le paradoxe du Maroc est là.” Dans ces massifs du Haut Atlas, après ce nouveau soubresaut terrestre, ne subsistent plus des maisons d’hier que des amas de pierres argileuses rougeâtres. Et les prières de ceux qui restent, dans un pays profondément religieux où règnent l’islam et le roi.

Le séisme de magnitude 7 qui a frappé la région d’Al Haouz a touché “à la fois des zones rurales extrêmement pauvres et, en même temps, les grandes capitales touristiques du pays, Agadir et surtout Marrakech. Les deux Maroc sont là”, constate Pierre Vermeren, auteur de l’ouvrage Le Maroc en 100 questions (Tallandier) et professeur d’histoire à Paris I. Côté face, un pays flamboyant, urbain, modernisé, vitrine du statut de puissance régionale voulu par Mohammed VI, monarque depuis près de vingt-cinq ans. Côté pile, “des zones où il n’y a rien, où il faut faire au minimum 100 kilomètres pour avoir accès à un hôpital. Il n’y a souvent qu’une seule route d’accès, et généralement elle a été coupée par le séisme”, déplore, depuis Rabat, Omar Brousky, journaliste et universitaire. Pour Karim Boukhari, “les habitants ressentent un élan de solidarité nationale, qui est sincère et qui fait beaucoup de bien. Mais leurs problèmes sont anciens et remontent à bien avant le séisme. Le Haouz accuse un retard de développement, les douars et les villages souffraient en silence, bien avant le séisme”.

Au croisement de ces deux réalités, se trouve le sentiment commun d’une fierté nationale. Démontrée une fois de plus. Le pays – ou plutôt le roi – a voulu faire preuve de sa capacité à prendre en charge la catastrophe, suscitant parfois l’incompréhension, notamment en France. “Le Maroc ne veut pas apparaître comme un Etat qui n’a pas de moyens, comme Haïti ou le Bangladesh”, commente Omar Brousky. “L’Etat marocain n’est pas en détresse, il est dans une situation où, malgré la difficulté, il veut montrer, et peut-être d’abord à lui-même et à sa population, qu’il est capable de s’en sortir seul ou presque. Comme un grand”, confirme Karim Boukhari. Seuls quelques pays amis ont pu acheminer secours et vivres à une population extrêmement démunie. “Des monarchies avant tout”, signale Pierre Vermeren. Au Moyen-Orient, le Qatar et les Emirats Arabes unis. En Europe, l’Espagne, soutien au plan de Rabat pour le Sahara occidental et l’Angleterre, par défi peut-être vis-à-vis de l’Union européenne, avec qui le royaume est en froid.

Des petits villages perchés dans les montagnes proches de Marrakech ne restent plus qu’un amas de pierres argileuses.

Le roi, seul recours

Le pouvoir a-t-il eu raison de faire la fine bouche sur le choix des aides, au risque de laisser planer un sentiment de désertion dans la population, dans “ce Maroc d’en bas” ? “Le Marocain lambda se sent abandonné”, considère Omar Brousky, assez critique sur le silence relatif du souverain dans les heures qui ont suivi le cataclysme, alors qu’il se trouvait en voyage privé à Paris. “Quand il y a un drame, les institutions qui ont une légitimité démocratique comme le Parlement ou le gouvernement s’effacent pour laisser toute sa place au roi, qui paraît comme le seul recours”, explique Omar Brousky. La population s’attendait-elle à voir défiler des ministres ? “Il y a une règle non écrite qui veut que le chef de l’Etat soit le premier à ‘paraître’, tempère Karim Boukhari. Cette règle correspond à une réalité : en cas de sinistre ou de malheur, la population réclame le roi, personne d’autre.”

Au-delà de la réponse immédiate au drame, Mohammed VI sera surtout jugé sur les capacités de reconstruction rapide, à la fois dans l’urgence et dans la durée. “Très vite, comme il va y avoir des orages et des pluies d’automne, il faudra que ces centaines de milliers d’habitants soient relogés de manière un peu pérenne pour l’hiver, et il y aura sans doute un enjeu de coopération pour la France dans cette seconde phase”, note Pierre Vermeren, qui pense qu’un certain nombre d’indices laissent espérer une réconciliation avec la France. Pour l’éditorialiste Karim Boukhari, “au propre comme au figuré, les routes du Haouz sont peut-être trop étroites, trop endommagées, pour permettre le passage de tout le monde… Après, dans un deuxième temps, quand il s’agira de reconstruire, de réhabiliter, de désenclaver, de développer, on retrouvera peut-être des entreprises françaises.”

D’autant que, comme le reste de la région, le royaume subit l’impact de la situation internationale : choc énergétique, pénuries, faible croissance en Europe et donc faibles investissements. Au centre de cette équation reste néanmoins la question du Sahara occidental. Au sujet de cette vaste zone désertique et disputée du sud du pays, les attentes de Rabat sont sans ambiguïtés : soit l’on se situe dans le camp “ami”, en montrant son soutien au plan d’autonomie pour la région dans le cadre d’une souveraineté marocaine, soit l’on appartient au camp “ennemi”, en entretenant des bonnes relations avec l’Algérie, qui soutient les indépendantistes du Front Polisario.

Après l’affaire des écoutes de Pegasus, après la guerre des visas, un nouvel acte de la relation franco-marocaine se joue ces jours-ci. Du côté de Rabat, le message apparaît clair. Si la France veut trouver sa place dans le Maroc de l’après-séisme, il faudra qu’elle joue le jeu d’après les règles édictées par le roi.




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